| |||
REGARDS SUR LA « GAY-OGRAPHIE » DE PARIS
Par Sylvain Gueho Pour Le Magazine Sensitif (Sensitif.fr)
Il ne faudrait pas croire que le Marais parisien a toujours regorgé des belles plantes et des oasis que nous connaissons aujourd’hui. Ce quartier ne s’est vraiment paré des couleurs chatoyantes de l’arc-en-ciel qu’à partir des années 80. Toutefois, les homosexuels n’ont pas attendu ces années pour vivre et investir Paris. L’image d’Épinal qui voudrait que les gays parisiens se soient terrés honteux, invisibles et malheureux comme des pierres en attendant les beaux jours de la visibilité, se trouve souvent bien malmenée. Le monde gay n’est pas né avec les mouvements d’affirmation et de revendication des années 70. De nombreux quartiers parisiens ont ainsi eu, au cours du temps, l’auguste honneur d’être nos repères et nos lieux de prédilection. Plongeon au cœur des annales géographiques de l’homosexualité à Paris
| |||
À l’aube du xxe siècle, alors que de nombreux discours médicaux fustigent cette maladie mentale qu’est l’homosexualité, apparaissent à Paris de nombreux lieux de « sociabilité » homosexuelle. Bars, bals et bordels viennent compléter les divers lieux de rencontre en plein air. Ces endroits sont un moyen de résistance face à l’ordre social et à une certaine répression policière, ayant l’avantage d’offrir un cadre protégé. Ces lieux n’étaient toutefois pas concentrés en un seul quartier, mais principalement situés dans les IIe et IXe arrondissements.
Entre les deux guerres, les quartiers de Montmartre et de Pigalle vont prendre une place prépondérante dans la géographie des lieux gay même si de nombreux autres endroits essaiment la capitale. Il faut dire que la période (si joliment) nommée les années folles offre aux homosexuels une relative liberté et de facto des lieux adaptés à leurs cérémonies débridées. Le fameux bal du Magic City, dit « bal des invertis », rue Cognacq-Jay dans le VIIe arrondissement, ou le bal de la montagne Sainte-Geneviève, dans la rue du même nom dans le VIe arrondissement, surnommé le « bal des lopes », sont ainsi emblématiques de cette période. Paris chante, Paris danse, et les homos avec. | |||
La Seconde Guerre mondiale met un terme à cette expansion des lieux homo. La clandestinité devient un leitmotiv pour les gays. Même si durant l’Occupation certains music-halls et cabarets continuent leurs activités, pour ce qui est de la drague, les homos leur préféreront souvent les toilettes publiques. Mais même ces quelques espaces de liberté disparaîtront avec l’adoption, le 6 août 1942, d’une loi de répression homophobe.
La fin de la guerre n’apporte pas pour autant la respiration espérée pour les gays. La loi précédemment citée est toujours d’actualité, les discours médicaux sur l’homosexualité rivalisent d’imagination pour faire enfermer les homos dans une cellule capitonnée. | |||
Une certaine libération se fait jour dans les années 60 et le quartier de Saint-Germain-des-Prés en devient un symbole comme haut lieu de la vie intellectuelle et culturelle parisienne où philosophes, auteurs, acteurs et musiciens se côtoient et se mélangent dans les clubs, les bars ou l’emblématique Drugstore. Les homos ne sont pas en reste, qui veulent également profiter de cet espace de liberté, mâtiné de « bohème attitude ». Le Café de Flore est investi par les tapettes, de même que le Drugstore. Toutefois, ce sont encore des lieux hétéro, que l’on pourrait simplement qualifier aujourd’hui de gay friendly. C’est donc de l’autre côté de la Seine qu’un embryon de quartier gay va émerger. La rue Sainte-Anne concentre les clubs privés, saunas et premiers bars officiellement homo. Le Pimm’s, le Colony, le Sept, autant de noms précurseurs attirant les homos simples mortels comme l’intelligentsia de l’époque, les artistes et ce que Paris compte comme jet-set. Il était tellement rebelle de venir s’encanailler chez les gays ! Certains lieux toléraient les hétéros alors que d’autres étaient exclusivement réservés aux homos. C’était le cas du premier sex-club gay de la capitale, le Bronx, une petite révolution qui attira la curiosité insatiable de certains hétéros prêts à tout pour voir ce qui se passait derrière la porte. La légende veut que Jane Birkin, accompagnée de Serge Gainsbourg, se soit déguisée en garçon pour y entrer.
Pendant une vingtaine d’années, les homos se répartissent entre rive gauche et rive droite, reliées par le pont du Carrousel, les terrasses et bosquets des Tuileries. | |||
Au début des années 80, deux événements vont complètement modifier cet équilibre géographique : la dépénalisation de l’homosexualité et la rénovation du quartier des Halles. Sont-ce les palissades de métal entourant le chantier et la possibilité d’un plan ouvrier ou le fait que ce quartier en évolution offre des possibilités de logement à prix modérés qui vont attirer les homos vers le centre ? Une chose est sûre, le quartier est en train de changer et il serait dommage de ne pas en profiter. Deux clubs vont propulser le quartier dans l’homosexualité affirmée : le Haute Tension, rue Saint-Honoré, et le Broad, rue de la Ferronnerie. Ces clubs symbolisent la modernité de la vie des gays et renvoient au Moyen Âge les clubs de Saint-Germain et de la rue Sainte-Anne. La concurrence est dure, mais un vieil adage gay dit que tout ce qui est dur est bon ! Après la dépénalisation, d’autres lieux gay apparaissent, comme le Club, rue Saint-Denis. De même, dans le quartier proche du Marais, également en rénovation, des bars gay s’implantent, profitant des prix très abordables des locaux commerciaux. Les initiateurs étaient nommés le Village ou le Central (qui fait office de patrimoine homosexuel et vient de terminer sa rénovation). Un nouvel équilibre s’établit, venant remplacer l’axe Saint-Germain/Palais-Royal, avec la rue Rambuteau comme point de passage entre le quartier des Halles et le Marais.
| |||
Les Halles n’offrent toutefois pas le havre de paix tant espéré pour les homos ; sans compter le peu d’intérêt architectural pour les gays, ce nouveau quartier attire des personnes beaucoup moins ouvertes aux questions de mœurs. À la fin des travaux de rénovation, les homos vont alors se retirer vers le quartier historique du Marais où certains bars et clubs gay rencontrent déjà un fort succès.
À la différence des quartiers investis par les gays auparavant, et parce qu’à autre temps, autres mœurs, les différents lieux homo sont ouverts sur la ville. C’est le début de l’insertion de la vie homosexuelle dans la vie quotidienne. À son image, encore aidés par l’urbanisation, de nouveaux lieux gay se réimplantent autour des Halles dans les années 90. La transformation du quartier Montorgueil en zone piétonne (qui avait pour but de chasser les commerçants de gros de la zone) permettra aux gays (disposant d’un certain pouvoir d’achat) de s’y installer, entraînant une nouvelle réhabilitation du quartier.
Bien que très critiqué, souvent accusé de favoriser le communautarisme, le quartier du Marais offre un lieu ouvert de loisirs et de vie pour les homos tout en ayant une fonction particulière, celle d’être une vitrine attirant les regards, autant ceux des hétéros que des homos. C’est toutefois la partie immergée de l’iceberg, car la capitale réserve désormais bien d’autres lieux pratiqués et vécus par les homos.
| |||
|
o mundo gira.
Bem vindos, beinvenue, welcome, ao mundo de Léa que sonha e tenta realizar, pois vida é feita de sonhos e sonhos precisam de vida, sonhemos todos, Luz de Deus.
segunda-feira, 28 de maio de 2012
BY Parismarais: Vie gay à Paris.
Assinar:
Postar comentários (Atom)
Nenhum comentário:
Postar um comentário